·Pourquoi lisons-nous est une enquête sur la lecture comme expérience.
Cette enquête a été menée à travers le recueil de témoignages de lecteur·trice·s divers.es ainsi qu'un cycle de forums animés par des universitaires et des artistes sur nos manières de lire et façons d’être. À l’instar du « texte ouvert » tel que le définit Lyn Hejinian, ici, la hiérarchie traditionnelle entre l’auteur et ses lecteurs·trice·s se dissout et se rééquilibre. Chaque témoin, chaque lecteur·trice, chaque universitaire, artiste et écrivain·e est une co-enquêteur·trice dans cette communauté d’expériences.
Dans une pratique qui a permis d’interroger en retour les œuvres et les artistes étudiés, je me suis impliqué·e dans l’enquête, en recueillant les témoignages chez les lecteurs·trice·s autour d’un dîner, des repas j'ai préparés, créant donc un espace intime et partagé (comme la lecture elle-même). La création de cet espace et de cette collaboration commune se fondent sur des enjeux sensoriels de l’expérience de la langue, de nos langues. Comme le remarque Denzin K. Denzin - dans sa théorisation de 'l'entretien performatif' - en partageant ces histoires, en créant une communauté fondée sur nos similitudes et nos différends, nous jouons chacun des rôles possibles : raconteur·euse, auditeur·trice, spectateur·trice, performeur·euse et hôte, celui/celle qui reçoit et celui/celle qui est reçu·e. À ce travail d’entretien performatif sur le terrain s’est adjoint un cycle de forums destiné à ouvrir des espaces de réflexion collective autour de nos manières de lire et façons d’être.
En partenariat avec La Bibliothèque des Grand Moulins de l'Université de Paris, Le CERILAC (Le Centre d’Études et de Recherches Interdisciplinaires), La Fondation des États-Unis, La Maison de écrivain·e·s et de la littérature, Le Printemps des poètes, Politk'Art, Le Bureau de la vie étudiante de l'Université de Paris, Le Centre d'études et de Recherches Comparatistes de Paris 3, Laboratoire de Recherche sur les Cultures Anglophones (LARCA), et sur les ondes de *DUUU Radio
Cette enquête a été menée à travers le recueil de témoignages de lecteur·trice·s divers.es ainsi qu'un cycle de forums animés par des universitaires et des artistes sur nos manières de lire et façons d’être. À l’instar du « texte ouvert » tel que le définit Lyn Hejinian, ici, la hiérarchie traditionnelle entre l’auteur et ses lecteurs·trice·s se dissout et se rééquilibre. Chaque témoin, chaque lecteur·trice, chaque universitaire, artiste et écrivain·e est une co-enquêteur·trice dans cette communauté d’expériences.
Dans une pratique qui a permis d’interroger en retour les œuvres et les artistes étudiés, je me suis impliqué·e dans l’enquête, en recueillant les témoignages chez les lecteurs·trice·s autour d’un dîner, des repas j'ai préparés, créant donc un espace intime et partagé (comme la lecture elle-même). La création de cet espace et de cette collaboration commune se fondent sur des enjeux sensoriels de l’expérience de la langue, de nos langues. Comme le remarque Denzin K. Denzin - dans sa théorisation de 'l'entretien performatif' - en partageant ces histoires, en créant une communauté fondée sur nos similitudes et nos différends, nous jouons chacun des rôles possibles : raconteur·euse, auditeur·trice, spectateur·trice, performeur·euse et hôte, celui/celle qui reçoit et celui/celle qui est reçu·e. À ce travail d’entretien performatif sur le terrain s’est adjoint un cycle de forums destiné à ouvrir des espaces de réflexion collective autour de nos manières de lire et façons d’être.
En partenariat avec La Bibliothèque des Grand Moulins de l'Université de Paris, Le CERILAC (Le Centre d’Études et de Recherches Interdisciplinaires), La Fondation des États-Unis, La Maison de écrivain·e·s et de la littérature, Le Printemps des poètes, Politk'Art, Le Bureau de la vie étudiante de l'Université de Paris, Le Centre d'études et de Recherches Comparatistes de Paris 3, Laboratoire de Recherche sur les Cultures Anglophones (LARCA), et sur les ondes de *DUUU Radio
Entretien performatif avec Sophie & Anna le 30 octobre 2016
lecture/performance des témoignages des lecteur·trice à 本 \hon\ books pour le vernissage de « Module B » une proposition de Segolene Thuillart & Harold Mollet sous l’invitation de Antoine Lefebvre Editions
Photo : Marion Ficher
Photo : Marion Ficher
Cycle de rencontres
2021
16/04/2021 Sophie Rabau, « L'Art d'assaisonner les textes »
Que faire quand nous lisons un texte qui nous rebute, nous déplaît, nous hérisse ou nous scandalise ? Quand nous regardons un film, une série, une œuvre d’art dont les idées ou les messages sont aux antipodes des nôtres et/ou dont l’auteur·e, peut-être génial·e n’est pas fréquentable… ?
Fermer le livre ou éteindre l’écran ?
Si l’on pouvait lire sans renoncer à son désaccord ? Lire en contestant, changeant, discutant, sabotant, dérivant, variant…Lire mais sans se soumettre.
Crédit image : décor de "Seinfeld" au Paley Center for Media, 465 N Beverly Drive in Beverly Hills, Los Angeles, CA ; photo prise par Tracie Hall de Orange County, USA via Wikimedia Commons
Fermer le livre ou éteindre l’écran ?
Si l’on pouvait lire sans renoncer à son désaccord ? Lire en contestant, changeant, discutant, sabotant, dérivant, variant…Lire mais sans se soumettre.
Crédit image : décor de "Seinfeld" au Paley Center for Media, 465 N Beverly Drive in Beverly Hills, Los Angeles, CA ; photo prise par Tracie Hall de Orange County, USA via Wikimedia Commons
04/05/2021 Yvves Citton & Abigail Lang, « Lire les médias »
« Lire les médias » est impossible. L’efficacité des médias tient à ce qu’ils agissent en deçà et au-delà de ce que nous identifions à l’activité de lecture. La notion de « coupe agentielle », forgée par la théoricienne écoféministe Karen Barad pour rendre compte de « l’enchevêtrement de la matière et du sens », nous aidera à comprendre pourquoi : les médias ne se contentent pas de parler des choses et des événements, ils les font ce qu’ils sont (pour nous). Ce sont les médias qui font que quelque chose matters (à la fois « a de l’importance » et « se matérialise »). En ce sens, les médias nous in-forment, ils nous « intrastructurent » par leur activité de mattering. Bien davantage que des objets à lire, ils nous fournissent nos moyens de percevoir et de faire sens. De ce fait même, « lire les médias » est simultanément impossible et indispensable. Cela implique une activité très particulière, qui n’a (presque) rien à voir avec le fait de lire le journal ou de regarder la télévision. Cette activité n’est pas seulement critique, analytique ou réflexive : elle requiert d’être proprement poétique, au sens où elle doit participer d’autres modalités de coupes agentielles. C’est ce qu’essaie de pratiquer une association comme Saisir. C’est ce qu’ont bien compris, et c’est ce que pratiquent, les invité.es antérieur.es de cette série (comme Franck Leibovici, Christophe Hanna ou Olivia Rosenthal). Et c’est ce qu’on essaiera d’éclairer un peu différemment dans cette réflexion.
Crédit image : Alexia Antuofermo, Terrain vague (2020, détail), permission de l'artiste
Crédit image : Alexia Antuofermo, Terrain vague (2020, détail), permission de l'artiste
24/06/2021 Beata Umubyeyi Mairesse, « Lire l'exil »
Comment lire et raconter nos propres histoires, individuelles et collectives quand on est emporté·e·s loin de nos racines ? Comment retrouver le pays de nos enfances perdues, dont l’exil semble définitif ? Et comment tisser de filiations des histoires entre générations quand le pays natal, le pays de nos parents, demeure à l’écart après l’exil et le génocide ? Avec Beata Beata Umubyeyi Mairesse, auteure de Tous tes enfants dispersés, en conversation avec Christopher Alexander Kostritsky Gellert nous allons réfléchir sur comment la fiction peut créer de liens entre nos passés et présents, faire métissage des récits et faire entendre et voir l’inimaginable afin de réparer nos cicatrices communes.
2019-2020
27/11/2019 Fréderic Forte, « Lire ses États-Unis » à la Fondation des États-Unis
On fantasme toujours le pays qu’on lit en traduction.
On sait bien que la traduction d’une langue vers une autre peut donner lieu à des malentendus et à des transformations traîtresses. Mais, quand on lit une littérature étrangère en traduction, cette (mauvaise) lecture ne suscite-t-elle pas aussi des équivoques sur les codes sociaux et culturels du pays, sur son paysage et le caractère de ses habitant·e·s ? Avec Frédéric Forte (poète, membre de l’Oulipo et traducteur occasionnel de poésie états-unienne) nous allons dialoguer autour des fantasmes qu’il a pu se faire au sujet de la société états-unienne à travers ses lectures (et des fantasmes qu'une telle lecture provoque en général).
Pour F. Forte la seule possibilité de vraiment comprendre la poésie américaine, c’est de la traduire. Ainsi, nous serons amenés à lire des écrivain.e.s nord-américain.e.s en français et en anglais, tout en discutant des problématiques de la traduction d’une culture étrangère – même quand on la connaît bien. Nous passerons ensuite à un atelier de traduction collective et une discussion ouverte sur les glissements entre la langue française et l’anglais américain et les correspondances entre ces deux mondes littéraires.
photo : Niagara Falls, ca. 1855, possibly by Silas A. Holmes American, Metropolitan Museum of Art photography collection
On sait bien que la traduction d’une langue vers une autre peut donner lieu à des malentendus et à des transformations traîtresses. Mais, quand on lit une littérature étrangère en traduction, cette (mauvaise) lecture ne suscite-t-elle pas aussi des équivoques sur les codes sociaux et culturels du pays, sur son paysage et le caractère de ses habitant·e·s ? Avec Frédéric Forte (poète, membre de l’Oulipo et traducteur occasionnel de poésie états-unienne) nous allons dialoguer autour des fantasmes qu’il a pu se faire au sujet de la société états-unienne à travers ses lectures (et des fantasmes qu'une telle lecture provoque en général).
Pour F. Forte la seule possibilité de vraiment comprendre la poésie américaine, c’est de la traduire. Ainsi, nous serons amenés à lire des écrivain.e.s nord-américain.e.s en français et en anglais, tout en discutant des problématiques de la traduction d’une culture étrangère – même quand on la connaît bien. Nous passerons ensuite à un atelier de traduction collective et une discussion ouverte sur les glissements entre la langue française et l’anglais américain et les correspondances entre ces deux mondes littéraires.
photo : Niagara Falls, ca. 1855, possibly by Silas A. Holmes American, Metropolitan Museum of Art photography collection
28/01/2020 Franck Leibovici & Abigail Lang, « Lire, collecter » à la Bibliothèque des Grands Moulins de l'Université de Paris
Quelle est la frontière entre le réel et la poésie ? Comment est-ce que la lecture peut devenir une forme d'écriture ?
En conversation avec le poète et artiste Franck Leibovici nous nous demanderons comment la poésie peut produire des outils d’enquête pour explorer des masses de données, témoignages ou archives.
Nous échangerons sur l’histoire de l’enquête littéraire en France et aux États-Unis et sur les liens entre ces deux traditions, de Charles Reznikoff à Emmanuel Hocquard. Et nous dialoguerons avec Franck Leibovici sur sa méthode, qui tente comprendre cette échelle de la masse (de documents, de données, d’images) au moyen de dispositifs poétiques. Plus particulièrement, nous réfléchirons à la mise en forme poétique de ces données au sein de son œuvre : tinder chats, sex-tape amateur, correspondance amoureuse à plusieurs mains… (de l’amour, Jean Boîte éditions, 2019), procès à la Cour Pénale Internationale (bogoro, Questions théoriques, 2016), discours sénatorial (filibuster, Jeu de paume, 2013), sites web militants et militaires (portraits chinois, Al Dante, 2007), rapport d’une commission sur un attentat terroriste (9+11, ubuweb, 2005), présentations powerpoint (quelques storyboards, ubuweb, 2003)…
Finalement, nous nous demanderons comment des dispositifs poétiques peuvent constituer une autre forme de savoir qui agisse directement dans des contextes sociaux et au sein des institutions. Avec Julien Seroussi, Franck Leibovici mène maintenant depuis plusieurs années à la Cour pénale internationale un travail pour évaluer comment des outils issus de la poésie, de l’art ou des sciences sociales permettent une autre saisie des éléments de preuve textuels et visuels, venant compléter les outils traditionnels des juristes.
La séance s’achèvera avec une lecture collective.
image : preuve visuelle textuelle de muzungu de Franck Leibovici et Julien Seroussi
En conversation avec le poète et artiste Franck Leibovici nous nous demanderons comment la poésie peut produire des outils d’enquête pour explorer des masses de données, témoignages ou archives.
Nous échangerons sur l’histoire de l’enquête littéraire en France et aux États-Unis et sur les liens entre ces deux traditions, de Charles Reznikoff à Emmanuel Hocquard. Et nous dialoguerons avec Franck Leibovici sur sa méthode, qui tente comprendre cette échelle de la masse (de documents, de données, d’images) au moyen de dispositifs poétiques. Plus particulièrement, nous réfléchirons à la mise en forme poétique de ces données au sein de son œuvre : tinder chats, sex-tape amateur, correspondance amoureuse à plusieurs mains… (de l’amour, Jean Boîte éditions, 2019), procès à la Cour Pénale Internationale (bogoro, Questions théoriques, 2016), discours sénatorial (filibuster, Jeu de paume, 2013), sites web militants et militaires (portraits chinois, Al Dante, 2007), rapport d’une commission sur un attentat terroriste (9+11, ubuweb, 2005), présentations powerpoint (quelques storyboards, ubuweb, 2003)…
Finalement, nous nous demanderons comment des dispositifs poétiques peuvent constituer une autre forme de savoir qui agisse directement dans des contextes sociaux et au sein des institutions. Avec Julien Seroussi, Franck Leibovici mène maintenant depuis plusieurs années à la Cour pénale internationale un travail pour évaluer comment des outils issus de la poésie, de l’art ou des sciences sociales permettent une autre saisie des éléments de preuve textuels et visuels, venant compléter les outils traditionnels des juristes.
La séance s’achèvera avec une lecture collective.
image : preuve visuelle textuelle de muzungu de Franck Leibovici et Julien Seroussi
27/02/2020 Christophe Hanna et Pierre Zaoui, « Lire l'argent » à la Bibliothèque des Grands Moulins de l'Université de Paris
En économie, un marché de l’art (ou des livres) est souvent caractérisé comme une star economy: les tout premiers (en termes de vente) touchent énormément d’argent tandis la masse énorme des autres vivent généralement au-dessous du seuil de pauvreté; ou encore une pokemon economy: the winner takes all. D’un point de vue politique, il y a sans doute là de quoi pleurer et vomir, même si pleurer et vomir ne mènent pas loin politiquement. D’un point de vue moral, il n’y a rien à dire et toute nostalgie est interdite: ce n’est pas là un système plus immoral que l'économie de la rente et de l’héritage qui caractérise près de la moitié des nos plus grands artistes et écrivains du XIXème et du début du XXème siècle. Mais d’un point de vue artistique, cela oblige les artistes et les écrivains d’aujourd’hui à transformer, malgré qu’ils en aient souvent, leur atelier ou leur bureau en laboratoires de l’argent. C’est peut-être plus intéressant et en tout cas souvent plus drôle. C’est en tout cas la voie que nous aimerions un peu creuser ensemble.
image : figure 1 de "Les hauts revenus en France(1998-2006) : Une explosion des inégalités ?" de Camille Landais, Paris School of Economics, juin 2007
image : figure 1 de "Les hauts revenus en France(1998-2006) : Une explosion des inégalités ?" de Camille Landais, Paris School of Economics, juin 2007
2019
22/01/2019 Dominique Rabaté et Philippe Vasset, « Lire, enquêter » à la Bibliothèque des Grands Moulins de l'Université de Paris
À l'écoute sur *DUUU Radio
Du roman policier, invention capitale de la modernité, aux littératures de terrain aujourd'hui, on assiste sans doute à une extension du domaine de l'enquête. On réfléchira à la démarche de l'enquêteur·trice, à ses profils et à ses incarnations, aux rapports que la littérature entretient alors avec les sciences humaines (sociologie, histoire, psychanalyse), à ce que Carlo Ginzburg a appelé le "paradigme indiciaire". Et au plaisir que prend le/la lecteur·trice quand il/elle joue, lui aussi, au détective.
Crédit image : "Un Livre blanc" (détail), de Philippe Vasset, publié chez Fayard en 2014
Du roman policier, invention capitale de la modernité, aux littératures de terrain aujourd'hui, on assiste sans doute à une extension du domaine de l'enquête. On réfléchira à la démarche de l'enquêteur·trice, à ses profils et à ses incarnations, aux rapports que la littérature entretient alors avec les sciences humaines (sociologie, histoire, psychanalyse), à ce que Carlo Ginzburg a appelé le "paradigme indiciaire". Et au plaisir que prend le/la lecteur·trice quand il/elle joue, lui aussi, au détective.
Crédit image : "Un Livre blanc" (détail), de Philippe Vasset, publié chez Fayard en 2014
19/02/2019 Olivia Rosenthal, « Lire pour écrire » à la Bibliothèque des Grand Moulins de l'Université de Paris
À l'écoute sur *DUUU Radio
« On raconte que les écrivains ont besoin de s’entourer de livres avant et pour écrire. Ils utilisent les pages des autres comme un écran pour se protéger mais aussi comme un plongeoir pour s’élancer. En partant de ma propre expérience d'écrivaine, j'évoquerai quelques-unes des difficultés qu’on peut rencontrer et des méthodes qu’on peut utiliser pour se protéger et pour plonger. J'utiliserai toutes sortes de références venues de la philosophie, de l’ethnologie, de la sociologie, et même de la littérature, et les plierai à mon usage, dans une proposition qui relèvera moins de l’analyse que de la performance. »
-O.R.
Crédit Image : Couverture de Mécanismes de survive dans un milieu hostile d'Olivia Rosenthal, publié chez Verticales en 2016
« On raconte que les écrivains ont besoin de s’entourer de livres avant et pour écrire. Ils utilisent les pages des autres comme un écran pour se protéger mais aussi comme un plongeoir pour s’élancer. En partant de ma propre expérience d'écrivaine, j'évoquerai quelques-unes des difficultés qu’on peut rencontrer et des méthodes qu’on peut utiliser pour se protéger et pour plonger. J'utiliserai toutes sortes de références venues de la philosophie, de l’ethnologie, de la sociologie, et même de la littérature, et les plierai à mon usage, dans une proposition qui relèvera moins de l’analyse que de la performance. »
-O.R.
Crédit Image : Couverture de Mécanismes de survive dans un milieu hostile d'Olivia Rosenthal, publié chez Verticales en 2016
22/03/2019 Marik Froidefond et Denise Desautels « Lire la poésie, à quoi bon maintenant ? » à la Bibliothèque des Grands Moulins de l'Université de Paris
À l'écoute sur *DUUU Radio
À quoi bon la poésie et les poètes ? À quoi bon lire ce qui ne sert à rien, ne nous raconte pas d’histoire, n’arrête pas la violence et parfois même nous dérobe son sens. Plus que n’importe quel autre genre littéraire, la poésie suscite la méfiance. Et même les railleries : qu’on la dise irresponsable, élitiste, hermétique ou égocentrique, on a vite fait de l’accuser de tous les maux et surtout de péremption.
Pourtant des poètes continuent à écrire et des lecteurs à les lire. Cette persévérance serait-elle l’indice que la poésie a (encore) quelque chose à nous dire, et nous quelque chose à recevoir ou à exiger d’elle ?
Le Printemps des poètes portera cette année sur la beauté. Peut-être lisons-nous, écrivons-nous dans un monde en grand état de délabrement et de douleur pour croire encore en sa possibilité d’advenir, pour nous donner la chance de la chercher, de l’approcher là où elle se terre, pour entendre parler d'elle même quand tout semble vouloir la nier et même, et surtout peut-être, dans des textes qui la mettent à l’épreuve. Telle est la proposition de Denise Desautels, poète québécoise, avec qui nous dialoguerons.
Nous réfléchirons aussi aux façons dont nous lisons la poésie, car la question du pourquoi et celle du comment sont étroitement liées et éclairent la spécificité du rapport que nous pouvons nouer à la poésie. Si on ne lit pas un livre de poésie comme on lit un polar, faut-il pour autant opposer terme à terme lecture fictionnelle et lecture poétique, et considérer l’une (linéaire, cursive, immersive) comme le revers de l’autre (non-linéaire, disruptive, distanciée) ? Enfin, quelles différences y a-t-il entre lire et écouter lire, c’est-à-dire entre l’entretien solitaire et silencieux avec le livre de poésie et sa réception lors d’une performance publique ?
Crédit image : incendie forestière, Santa Barbara California 2007, John Newman U.S. Forest Service, via Wikimedia Commons
À quoi bon la poésie et les poètes ? À quoi bon lire ce qui ne sert à rien, ne nous raconte pas d’histoire, n’arrête pas la violence et parfois même nous dérobe son sens. Plus que n’importe quel autre genre littéraire, la poésie suscite la méfiance. Et même les railleries : qu’on la dise irresponsable, élitiste, hermétique ou égocentrique, on a vite fait de l’accuser de tous les maux et surtout de péremption.
Pourtant des poètes continuent à écrire et des lecteurs à les lire. Cette persévérance serait-elle l’indice que la poésie a (encore) quelque chose à nous dire, et nous quelque chose à recevoir ou à exiger d’elle ?
Le Printemps des poètes portera cette année sur la beauté. Peut-être lisons-nous, écrivons-nous dans un monde en grand état de délabrement et de douleur pour croire encore en sa possibilité d’advenir, pour nous donner la chance de la chercher, de l’approcher là où elle se terre, pour entendre parler d'elle même quand tout semble vouloir la nier et même, et surtout peut-être, dans des textes qui la mettent à l’épreuve. Telle est la proposition de Denise Desautels, poète québécoise, avec qui nous dialoguerons.
Nous réfléchirons aussi aux façons dont nous lisons la poésie, car la question du pourquoi et celle du comment sont étroitement liées et éclairent la spécificité du rapport que nous pouvons nouer à la poésie. Si on ne lit pas un livre de poésie comme on lit un polar, faut-il pour autant opposer terme à terme lecture fictionnelle et lecture poétique, et considérer l’une (linéaire, cursive, immersive) comme le revers de l’autre (non-linéaire, disruptive, distanciée) ? Enfin, quelles différences y a-t-il entre lire et écouter lire, c’est-à-dire entre l’entretien solitaire et silencieux avec le livre de poésie et sa réception lors d’une performance publique ?
Crédit image : incendie forestière, Santa Barbara California 2007, John Newman U.S. Forest Service, via Wikimedia Commons
15/04/2019 Sophie Rabau et Marianne Seleskovitch « Lire en désaccord, Carmen pour changer » à la Bibliothèque des Grands Moulins de l'Université de Paris
L’amour est enfant de Bohême ! Vous connaissez. Mais d’où sort donc cette rengaine ? Qui la chante ? Carmen ? En êtes-vous sûr.es ?
"Carmen, pour changer" est une rencontre entre la romancière et professeur Sophie Rabau et la chanteuse Marianne Seleskovitch qui s’appliquent à introduire des variations dans la nouvelle de Prosper Mérimée de façon à ce que Carmen ne meure pas. C’est un soirée littéraire et lyrique qui dynamite façon puzzle le mythe tragique de la femme fatale. C’est un texte, un chant, politique, joyeux et féministe.
Voilà l’histoire d’une lectrice, qui veut bien lire Carmen, mais non sans changement, et d’une mezzo-soprano, qui veut bien chanter la Habanera, mais autrement. Elles en discutent, relisent, rechantent, regardent avec méfiance les notes et les mots, font Carmen à l’envers, en musique et en récit. Elles distribuent des petits papiers au public qui lance des pistes, de nouvelles idées de Carmen. Il y a de plus en plus de Carmen dans tous les sens. Ce soir, elles ne savent pas ce qui va se passer, si ça va crier, chanter, psalmodier, improviser.
C’est une invitation à lire et à chanter activement. Pour changer.
Crédit image : couverture de Carmen, pour changer. Variations sur une nouvelle de Prosper Mérimée de Sophie Rabau, Anacharsis, 2018.
"Carmen, pour changer" est une rencontre entre la romancière et professeur Sophie Rabau et la chanteuse Marianne Seleskovitch qui s’appliquent à introduire des variations dans la nouvelle de Prosper Mérimée de façon à ce que Carmen ne meure pas. C’est un soirée littéraire et lyrique qui dynamite façon puzzle le mythe tragique de la femme fatale. C’est un texte, un chant, politique, joyeux et féministe.
Voilà l’histoire d’une lectrice, qui veut bien lire Carmen, mais non sans changement, et d’une mezzo-soprano, qui veut bien chanter la Habanera, mais autrement. Elles en discutent, relisent, rechantent, regardent avec méfiance les notes et les mots, font Carmen à l’envers, en musique et en récit. Elles distribuent des petits papiers au public qui lance des pistes, de nouvelles idées de Carmen. Il y a de plus en plus de Carmen dans tous les sens. Ce soir, elles ne savent pas ce qui va se passer, si ça va crier, chanter, psalmodier, improviser.
C’est une invitation à lire et à chanter activement. Pour changer.
Crédit image : couverture de Carmen, pour changer. Variations sur une nouvelle de Prosper Mérimée de Sophie Rabau, Anacharsis, 2018.
06/06/2019 Myriam Lefkowitz et Cécile Lavergne , « The Book Club » à la Bibliothèque des Grands Moulins de l'Université de Paris
THE BOOK CLUB se propose d’inventer une géographie attentionnelle : au lieu de séparer corps et esprit, théorie et pratique, cette forme de lecture cherche des moyens de lier les concepts aux sensations, aux affects, aux perceptions, aux images, aux mémoires, aux objets, aux rythmes, à l’espace – autant de ressources pour déployer les conditions de nouveaux régimes de compréhension.
THE BOOK CLUB se propose d’inventer une géographie attentionnelle : au lieu de séparer corps et esprit, théorie et pratique, cette forme de lecture cherche des moyens de lier les concepts aux sensations, aux affects, aux perceptions, aux images, aux mémoires, aux objets, aux rythmes, à l’espace – autant de ressources pour déployer les conditions de nouveaux régimes de compréhension.
2017-2018
13/12/2017 Sophie Vasset « Si j’étais malade, j’aurais enfin le temps de lire » à la Bibliothèque des Grands Moulins de l'Université de Paris
Dans son essai, "Être Malade", Virginia Woolf s'interroge sur les effets de la maladie sur le lecteur, et la manière dont l'expérience de la maladie déstructure la lecture et ses attentes. Elle explore une série de textes, classiques ou populaires, en interrogeant la perception du lecteur et celle de ses personnages.
Dans son essai, "Être Malade", Virginia Woolf s'interroge sur les effets de la maladie sur le lecteur, et la manière dont l'expérience de la maladie déstructure la lecture et ses attentes. Elle explore une série de textes, classiques ou populaires, en interrogeant la perception du lecteur et celle de ses personnages.
25/01/2018 Vincent Broqua et Anne Crémieux, « Lire le genre, troubler les genres » à la Fondation des États-Unis
À l'écoute sur *DUUU Radio
Dans son essai autobiographique « Seeing Gender » (Bodies of Work, 1997), l’écrivaine américaine Kathy Acker (1947-1997) lie l’expérience de la piraterie de la représentation du genre à celle de la lecture. Elle établit un lien entre son expérience mortifère des représentations genrées qu’on lui avait assignées à celle d’un désir de lecture compensatoire, et, plus tard, d’une écriture pirate, c’est-à-dire d’une écriture qui repose sur le piratage d’autres textes et des genres littéraires. Partant de la lecture de cet essai ainsi que de la présentation de l’écriture de Kathy Acker, on cherchera à s’interroger sur la façon dont les représentations de genre et celles qui les déconstruisent passent par l’écriture (au sens large du terme, écriture littéraire, écriture cinématographique). Ainsi, loin de chercher des essences genrées dans l’écriture, on cherchera à se questionner sur ce que la question du genre fait à l’écriture. On pourra ainsi évoquer des textes de Rosmarie Waldrop, où la grammaire du genre se trouve mise en question, la question du genre épique traité par des femmes écrivaines, ou encore le genre de l’essai, il s’agira aussi de se poser la question de ce qu’il advient de l’écriture cinématographique quand le genre travaille le cinéma, d'un côté ou de l'autre de la caméra.
Crédit image : Bob The Drag Queen attending RuPaul's DragCon 2017 (via Wikimedia Commons)
Dans son essai autobiographique « Seeing Gender » (Bodies of Work, 1997), l’écrivaine américaine Kathy Acker (1947-1997) lie l’expérience de la piraterie de la représentation du genre à celle de la lecture. Elle établit un lien entre son expérience mortifère des représentations genrées qu’on lui avait assignées à celle d’un désir de lecture compensatoire, et, plus tard, d’une écriture pirate, c’est-à-dire d’une écriture qui repose sur le piratage d’autres textes et des genres littéraires. Partant de la lecture de cet essai ainsi que de la présentation de l’écriture de Kathy Acker, on cherchera à s’interroger sur la façon dont les représentations de genre et celles qui les déconstruisent passent par l’écriture (au sens large du terme, écriture littéraire, écriture cinématographique). Ainsi, loin de chercher des essences genrées dans l’écriture, on cherchera à se questionner sur ce que la question du genre fait à l’écriture. On pourra ainsi évoquer des textes de Rosmarie Waldrop, où la grammaire du genre se trouve mise en question, la question du genre épique traité par des femmes écrivaines, ou encore le genre de l’essai, il s’agira aussi de se poser la question de ce qu’il advient de l’écriture cinématographique quand le genre travaille le cinéma, d'un côté ou de l'autre de la caméra.
Crédit image : Bob The Drag Queen attending RuPaul's DragCon 2017 (via Wikimedia Commons)
08/02/2018 Pierre Zaoui avec Cécile Martin, « Lire le boudoir, les plaisirs de la langue » à la Bibliothèque des Grands Moulins de l'Université de Paris
À l'écoute sur *DUUU Radio
Longtemps, la littérature érotique ou pornographique (il n’est pas très sûr que la distinction entre les deux soit pertinente : rappelons que Baudelaire, pour Les Fleurs du mal, et Flaubert, pour Madame Bovary, furent tous deux condamnés pour pornographie), notamment celle de Sade, fut jugée immorale, corruptrice, scandaleuse et confinée dans l’enfer des bibliothèques. A l’heure toutefois de l’image pornographique omniprésente, des clips et des publicités obscènes à Youporn, il est possible qu’une réévaluation s’impose. Loin de salir ou de désenchanter le désir, il devient possible de considérer la littérature sadienne comme une école du raffinement du désir : apprendre son uchronie autant que son insistance, sa noirceur mais aussi sa légèreté comique, sa violence abyssale et ses mises en scène de carton-pâte, bref tout une école de la force mais aussi du coût de la jouissance.
Crédit image : Anna Maria Maiolino In-Out (Antropofagia) [In-Out (Antropophagy)], from Fotopoemação [Photopoemaction] series, 1973/74 Photo: Max Nauenberg
(permission de l'artiste)
Longtemps, la littérature érotique ou pornographique (il n’est pas très sûr que la distinction entre les deux soit pertinente : rappelons que Baudelaire, pour Les Fleurs du mal, et Flaubert, pour Madame Bovary, furent tous deux condamnés pour pornographie), notamment celle de Sade, fut jugée immorale, corruptrice, scandaleuse et confinée dans l’enfer des bibliothèques. A l’heure toutefois de l’image pornographique omniprésente, des clips et des publicités obscènes à Youporn, il est possible qu’une réévaluation s’impose. Loin de salir ou de désenchanter le désir, il devient possible de considérer la littérature sadienne comme une école du raffinement du désir : apprendre son uchronie autant que son insistance, sa noirceur mais aussi sa légèreté comique, sa violence abyssale et ses mises en scène de carton-pâte, bref tout une école de la force mais aussi du coût de la jouissance.
Crédit image : Anna Maria Maiolino In-Out (Antropofagia) [In-Out (Antropophagy)], from Fotopoemação [Photopoemaction] series, 1973/74 Photo: Max Nauenberg
(permission de l'artiste)
Pierre Zaoui avec Cécile Martin, fondatrice de Drôle de Rêve
À la fin de la rencontre, Cécile Martin a enchanté le public avec quelques lectures érotiques...
À la fin de la rencontre, Cécile Martin a enchanté le public avec quelques lectures érotiques...
19/03/2018 Dominique Rabaté, « Lire le roman pour se trouver ou pour se perdre ? » à la Bibliothèque des Grand Moulins de l'Université de Paris
À l'écoute sur *DUUU Radio
On dit souvent que le lecteur, et plus souvent la lectrice comme Emma Bovary, s'identifie aux personnages des romans ? Comment se passe ce phénomène ? Pourquoi sert-il souvent à discréditer la fable romanesque, la faiblesse d'esprit de ceux et celles qui en subissent le pouvoir contagieux ? Quels mécanismes d'identification mobilise la lecture d'un roman ? Ne pourrait-on pas dire aussi bien que la lecture du roman favorise une mobilité plastique de désidentification ?
Crédit image : "Holly", Suzie Blackman, permission de l'artiste
On dit souvent que le lecteur, et plus souvent la lectrice comme Emma Bovary, s'identifie aux personnages des romans ? Comment se passe ce phénomène ? Pourquoi sert-il souvent à discréditer la fable romanesque, la faiblesse d'esprit de ceux et celles qui en subissent le pouvoir contagieux ? Quels mécanismes d'identification mobilise la lecture d'un roman ? Ne pourrait-on pas dire aussi bien que la lecture du roman favorise une mobilité plastique de désidentification ?
Crédit image : "Holly", Suzie Blackman, permission de l'artiste
5/04/2018 Éric Marty et Paloma Moin, « La mort de la lecture ? » à la Bibliothèque des Grands Moulins de l'Université de Paris
À l'écoute sur *DUUU Radio
Pourquoi persiste-t-on à lire ? Comment est-ce que notre rapport à la lecture se transforme-t-il à notre ère ? Si dans le futur nous continuons à lire, quelle(s) forme(s) cette pratique prendra-t-elle ? Quelle sera sa place ?
Jadis, dans les temps très anciens, lire c’était exercer un pouvoir, savoir lire, c’était avoir un pouvoir, parfois même être le pouvoir…
Nous aborderons la question de la mort de la lecture de manière très subjective, et non dans une optique sociologique à partir des habituelles enquêtes statistiques sur la diminution du nombre des lecteurs. Une question vient alors : que serait une lecture irrémédiablement éloignée de tous les insignes du pouvoir ?
Pourquoi persiste-t-on à lire ? Comment est-ce que notre rapport à la lecture se transforme-t-il à notre ère ? Si dans le futur nous continuons à lire, quelle(s) forme(s) cette pratique prendra-t-elle ? Quelle sera sa place ?
Jadis, dans les temps très anciens, lire c’était exercer un pouvoir, savoir lire, c’était avoir un pouvoir, parfois même être le pouvoir…
Nous aborderons la question de la mort de la lecture de manière très subjective, et non dans une optique sociologique à partir des habituelles enquêtes statistiques sur la diminution du nombre des lecteurs. Une question vient alors : que serait une lecture irrémédiablement éloignée de tous les insignes du pouvoir ?
Performance de l’artiste Paloma Moin, « Confessions Under Request » à travers une pratique d’écriture automatique qui débute avant la rencontre et qui se poursuit jusqu’à la fin. L’artiste retranscrit ses réflexions sur un ordinateur, les phrases étant projetées derrière elle pendant la rencontre, tel un commentaire en direct et en continu, à la fois muet et parlant.
Confessions Under Request #3 (« La Mort de la lecutre ») |